On vous conseille…
Borgo Vecchio (Giosuè Calaciura)
Tous rêvent d’avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s’il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s’en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d’une mort certaine.
De la poésie à l’état brut.
Une myriade d’instants de grâce et de douleur réunis à l’intérieur de quelques 150 pages.
Une kyrielle d’émotions comme on n’en lit que trop rarement,
Un sentiment de trop-plein, et de trop peu aussi,
Une tristesse immobile, une joyeuse intranquillité.
C’est une fin comme on n’en a jamais lue.
Des mots qui gravitent au-dessus de nos têtes avec la légèreté des nuages et s’enfoncent à l’intérieur de nos peaux dans le calvaire des clous.
C’est la Beauté et l’Horreur unies dans le plus atroce des drames,
La brûlure infinie de la trahison,
Et la splendeur des aubes chaque jour renouvelées.
Sous nos yeux, un livret d’opéra.
Tout y est : la violence, la beauté, le bien et le mal se mêlant magistralement pour nous tenir en haleine jusqu’au grand final.
Il y a ce quartier de Palerme où l’on vit de larcins, de débrouille et de prostitution, où les descentes de police relèvent plus du jeu que d’autre chose – du moins le croit-on -, où les animaux vivent et meurent comme les hommes, dans la souffrance et l’oubli.
Il y a ces femmes qui subissent, ces hommes qui châtient, et ceux qui sauvent, il y a des prêtres qui volent des calices dorés et des gamins qui luttent pour une enfance refusée.
Il y a des bleus, sur les bras, sur les jambes, sur le ventre.
Des bleus à l’âme aussi.
Il y a du désespoir et des rires, des fraudes, du combat, de l’espoir et de la lâcheté.
Mais il y a surtout une écriture qui nous transporte dans un ailleurs aussi sublime qu’inconnu.
Des mots sortis tout droit des entrailles de la Terre, capables d’embrasser notre cœur avec la puissance des serres de l’aigle corsetées autour de sa proie, de nous clouer sur place, et de loger au coin de notre œil, la plus fragile des larmes.
Louise
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