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En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut)
On ne peut que sentir son petit cœur se serrer et ses larmes poindre en terminant En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut.
C’est très beau, très simple, très pur.
La corde sensible est touchée, et tout le reste aussi.
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur « Mr. Bojangles » de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entrainer dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
Olivier Bourdeaut ne se cache pas derrière son petit doigt. Il y a du Boris Vian à plein tube entre les pages d’En attendant Bojangles. Le monde y est simple, riche, coloré. On boit des cocktails toute la journée, les amis défilent dans l’appartement à toute heure du jour et de la nuit et d’étranges animaux se promènent sur le parquet.
Aussi, lorsque le malheur fait son apparition dans cette chantilly de douceurs, on le transforme, on le sublime. On noue autour de son cou une écharpe bariolée et on allume la musique, très fort. Dans l’espoir – vain, on le sait, mais tout de même – de le voir débarrasser le plancher.
Rien n’est trop beau, trop drôle, trop sensationnel pour oublier que le pire erre en toute liberté, tapi dans l’ombre. Dans les têtes et les appartements.
La réalité est mise au placard, le courrier jamais ouvert, les factures, jamais payées.
Et puis on rit, on se joue de tout, et on danse. Parce que l’on se dit que si l’on tourne très vite, la vraie vie ne pourra pas nous rattraper.
C’est drôle et délicat,
sensible et joyeux.
Et c’est très triste aussi.
Parce que parfois, la réalité sort de sa cachette et emporte tout sur son passage : les cocktails et les chansons, les parents et les sénateurs.
Il ne reste alors que les mots et puis les livres.
Et franchement, c’est mieux que rien !
Louise