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J’ai couru vers le Nil (Alaa El Aswany)
Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la Place Tahrir, Asma et Mazen, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fils d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la Place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane. Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne.
Vous l’avez compris, c’est d’une superbe fresque historique, politique et romanesque que l’on vous parle. D’un monde tout entier qui se déploie sous nos yeux. Les femmes et les hommes qui en peuplent les pages y sont magnifiques ou vilains, grandioses ou lâches, sublimes ou terribles. Ils nous disent l’Égypte telle qu’elle était alors, pleine de désirs et de contradictions, d’espoirs et de peurs.
C’est un roman qui, poussé par un souffle puissant et envoutant, sonne juste et sonne vrai. Il nous emporte, nous colle à notre canapé, force nos yeux entre ses pages et nous emprisonne de sa réalité.
À plusieurs reprises, on se surprend à serrer les dents, terrassé par les horreurs commises par le régime en place en guise de répression. Horrifié par la propagande instaurée par les grands du pays pour maintenir les choses telles qu’elles étaient et faire passer la voix de la rue pour une manipulation venue de l’étranger.
C’est un roman qui, poussé par un souffle puissant et envoutant, sonne juste et sonne vrai. Il nous emporte, nous colle à notre canapé, force nos yeux entre ses pages et nous emprisonne de sa réalité.
À plusieurs reprises, on se surprend à serrer les dents, terrassé par les horreurs commises par le régime en place en guise de répression. Horrifié par la propagande instaurée par les grands du pays pour maintenir les choses telles qu’elles étaient et faire passer la voix de la rue pour une manipulation venue de l’étranger.
Mais y avait quelque chose de somptueux dans cette colère enfin exprimée, et il y a de la tristesse et du fatalisme dans ce qui en a découlé.
On ne peut, vous l’avez compris, que vous conseiller cette admirable lecture. Vous en ressortirez grandis et éveillés.
Louise
Pour voir ce roman dans le catalogue en ligne : J’ai couru vers le Nil