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La petite communiste qui ne souriait jamais (Lola Lafon)
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques, une gymnaste obtient l’impossible note de 10, mettant à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire.
Fascinée par le destin de la miraculeuse gamine de 14 ans alors, Lola Lafon entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut la prodigieuse petite roumaine. Symbole d’une Europe aujourd’hui révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d’une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d’Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulation étatique ?
Parce que Nadia Comaneci, avec ses couettes, ses côtes saillantes et son regard cerné, c’était la grâce à l’état pur, l’innocence faite fillette, la maîtrise poussée à son paroxysme. « Elle a inventé le gymnastique » se plaisait-on à dire alors, enchainant aux barres, au sol, au cheval d’arçon et à la poutre des figures inconnues alors et terriblement dangereuses. Elle aurait pu se briser la nuque des centaines de fois, briser ce corps déjà si maigre, si parfait alors…elle aurait pu mais non, car Nadia était une magicienne.
Surentrainée.
Par son coach, Belà, à ses côtés depuis ses sept ans. Celui qui, à l’instar d’un morceau de terre glaise, sculpta la gymnaste qui n’existait pas. Elle s’entrainait huit heures par jour, contrôlait son poids au gramme près, s’affamait, s’épuisait, enchainait les blessures non réparées, se gavait se laxatifs au moment des prises de poids publiques et de cortisone pour que ses chevilles tiennent encore le coup le temps de la compétition. Jamais elle ne disait non. Nadia Comaneci était une machine à obéir, une merveilleuse petite machine jamais grippée.
Enfin, c’est ce que l’on pensait alors.
En revoyant, en parallèle de notre lecture, les passages de Nadia, à la poutre, au sol et aux barres, on ne peut qu’être pris par les larmes, secoué d’admiration, de peur et de douleur.
Pour elle et pour toutes ces gymnastes qui nous ont fait rêvé, qui nous ont fait vibrer et qui, d’un coup de pied à la lune, ont ravagé le chemin rétréci qu’on réservait alors aux petites filles.
Mais à quel prix ?
Louise
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